En souvenir de la Bataille de Crète
20 mai : 70ème anniversaire de la Bataille de Crète
Cette émouvante photo représente les partisans crétois attaquant quatre nazis.
(Photo prise par un soldat anglais)
Le 6 avril 1941, les forces de l’Axe attaquent simultanément la Yougoslavie et la Grèce. Malgré une héroïque résistance des troupes helléniques, les nazis, bien supérieurs en nombre, pénètrent dans Athènes, ville morte d’où monte derrière chaque persienne une sourde hostilité générale.
Quatre jours auparavant, le 23 avril, le roi Georges II, le Premier ministre Tsoudéros et l’ensemble du cabinet s’enfuient en Crète, suivis d’une partie du corps expéditionnaire britannique en pleine retraite. Dans la première quinzaine de mai, les Allemands s’installent dans le Péloponnèse et les îles de l’Egée, point de départ de la future opération “Mercure”. La date de cette nouvelle attaque militaire : le 20 mai. Sa cible : l’île de Crète, dernier bastion d’une souveraineté nationale bien mal en point. Un gouvernement collaborateur siège déjà à Athènes sous la conduite d’un général félon, la flotte hellénique s’est enfuie à Alexandrie, les soldats grecs démobilisés errent dans les rues d’Athènes et du Pirée et les montagnes du Pinde ne sont pas encore le domaine des farouches “Kapétanéï” de la Résistance. Les nazis fourbissent leurs armes. Les 8e et 11e corps aériens de la Luftwaffe préparent 400 bombardiers, 200 chasseurs, 500 avions de transport à moteur ou planeurs et 50 appareils de reconnaissance. L’amiral Schuster affrète de son côté deux groupes de transport naval : 25 et 38 gros caïques devant transporter 6000 hommes.
Quant à la troupe, c’est l’élite de l’armée nazie : les 13 000 parachutistes de la 12e division aéroportée et les 10 000 chasseurs de montagne de la 5e division de montagne. Cette nouvelle armada d’environ 25 000 personnes au total est commandée par les généraux Löhr et Student.
En face, les défenseurs appartiennent à toutes les nationalités : Anglais, Gallois, Néo-Zélandais, Maoris, Australiens et des Grecs du continent mais surtout des Crétois. Enfin, dans le feu de l'action, nombre de farouches paysans armés de fusils de chasse, voire de fusils à silex et de couteaux damasquinés, viendront participer à la bataille. Au total 40 000 hommes environ. Sachant qu'environ trois attaquants sont nécessaires pour déloger un défenseur, le rapport de force est arithmétiquement favorable aux Anglo-saxons épuisés par un mois et demi de rudes combats sur le continent, de la Macédoine aux Thermopyles, avec les colonnes de Panzers dans le dos.
Le 30 avril, le général Wavell, commandant suprême des troupes britanniques et grecques, confie la défense de l'île au général néo-zélandais Bernard Freiberg. Celui-ci dispose de peu de matériel. Les pelles et les cartouches manquent, les canons anti-aériens et les mortiers sont en nombre insuffisant, de différents calibres et mal approvisionnés. Quant à la Royal Air Force, elle dispose de moins d'une centaine d'avions.
Le 19 mai au soir, le soleil se couche sur le cap Sounion. Quelques heures plus tard, l'aviation allemande va prendre son envol. Direction les aéroports crétois de Malème, Réthymnon, Héraklion, ainsi que la baie de Suda. L'invasion de la Crète vient de commencer. 28 militants communistes sont déportés dans l'île voisine, dépendance de l'île en lutte contre les Turcs. Chemises et foulards noirs, ils égorgent avec une joyeuse férocité l'élite de l'armée du Reich, émasculant à l'occasion comme le voudrait une certaine tradition millénaire. Pourtant à l'ouest de l'aéroport de Malème, dans le lit de la rivière Tavronitis, les Allemands réussissent à se regrouper et occupent les flancs de la côte 107, hauteur stratégique qui surplombe l'aéroport.
A Rethymnon, les parachutistes sautent à 15h45 après trois heures de bombardements préparatoires mais sans un réel soutien de l'aviation de chasse employée à Malème. Ainsi, à Réthymnon et Héraklion, les pertes allemandes sont aussi très lourdes. Au soir du premier jour, les positions nazies sont fort précaires. Seul l'Ouest de l'aéroport de Malème est entre leurs mains. Mais les bombardements en piqués ont singulièrement désorganisé le système de communication des défenseurs. Une forte contre-offensive anglo-grecque dès la première nuit aurait pu faire basculer la situation d'autant que la Royal Navy vient de couler une partie de la flotte de débarquement allemande.
Sans contact avec son quartier général, le chef de bataillon néo-zélandais gardant la côte 107 décide de se replier. Les Allemands l'occupent dès le 21 au matin grâce à l'envoi de toutes les réserves sur le secteur de Malème.
Ayant contrôlé l'aérodrome vers 5h de l'après-midi, ils reçoivent de plus en plus de renforts, consolidant ainsi la tête de pont, malgré le feu nourri de l'artillerie britannique.
A la tombée de la nuit, les croiseurs et les destroyers de la Royal Navy interceptent les caïques du 100e régiment de montagne au large de K00hania, tuant 2 000 Allemands sur les 2 300 embarqués. Mais la contre-attaque des Néo-Zélandais et des Australiens déclenchée peu après sur la côte 107 est un échec. Partant à l'assaut à 3h30 du matin, c'est-à-dire avec deux heures de retard sur le plan initialement prévu, ils n'auront pas le temps de reprendre suffisamment de terrain avant l'aube et le retour en force de la Luftwaffe.
A Héraklion, les Allemands sont contenus dans des combats de rue, recevant parfois des meubles lancés des fenêtres. Le soir du 22, ils doivent battre en retraite non sans avoir laissé un millier d'entre eux sur le terrain. Cependant la population de la capitale crétoise continue d'être noyée sous un tapis de bombes allemandes. Le 23, des parachutistes sautent sur le petit port de Kastelli. Des cadets grecs et les pêcheurs locaux les déciment à la dynamite.
Partisans crétois (du musée de guerre de Crète)
TRAFALGAR
Le 24 mai, le quotidien londonien Evening Standard titre : "Si Hitler s'empare de la Crète, une chose devient certaine : son prochain objectif sera notre île. Cette journée de l'Empire est la plus grave qu'ait connu notre pays depuis Trafalgar". Maîtresse de l'air, la Luftwaffe débarque hommes et matériel à Malème et contraint la Royal Navy à quitter les eaux de l'Egée.
Désormais le général Freiberg songe à une retraite en bon ordre. Fort de 18 000 hommes à terre, le général allemand Ringel lance ses troupes sur Chania et Galatas. Là, la ténacité des anglo-grecs permet de refouler temporairement les Allemands dans une des plus féroces batailles de la campagne de Crète.
Cependant, les défenseurs sont à bout de force et, le 27, les Allemands occupent totalement le port de Kastelli où ils débarquent des chars. Le jour même, huit navires britanniques évacuent les 4 000 hommes de la garnison d'Héraklion. En effet, Churchill et le général Wavell ont décidé d'abandonner la Crète. Les derniers défenseurs de Chania et de Malème devront rejoindre la baie de Sfakia dans le sud de l'île, ou s'embarquer dans celle de Suda.
Le 29, les Allemands entrent dans les faubourgs de Rethymnon. 700 défenseurs se rendent le lendemain alors que les 140 autres prennent le chemin de la montagne grâce à l'aide de la population. Durant ces deux journées, 6000 Britanniques réussissent à s'embarquer pendant que le gros des Néo-Zélandais et des Grecs se battent encore avec l'énergie du désespoir. Bon an, mal an, ce sont 6000 hommes qui échappent à la captivité et débarquent harassés à Alexandrie.
Sur la côte Sud de la Crète, des centaines de civils tentent aussi de fuir sur les navires de la Royal Navy. Mais les officiers britanniques empêchent les civils grecs, juifs, palestiniens et chypriotes, de partir faute d'embarcations nécessaires même pour les militaires.
Le Général Freiberg quitte l'île le dernier, le 1er juin. La bataille est finie, du moins pour les Anglo-Saxons. Wavell remercie ses soldats : "Je vous remercie du courage et de l'endurance que vous avez manifestés dans la défense de la Crète. Je vous ai expédié tout le matériel que j'ai pu, mais malheureusement la plus grande partie fut coulée avant de vous parvenir. Je fis confiance à votre bravoure pour tenir l'île, ce que vous auriez très certainement réussi si l'attaque était restée dans les limites prévues par moi. Malheureusement, l'ennemi put engager sur terre et dans l'air des moyens très supérieurs à ceux que je considérais comme probables, et il accepta des sacrifices très élevés".
Douze jours après son déclenchement, la bataille de Crète venait d'être remportée par les Allemands grâce à leur supériorité aérienne et du fait que les Britanniques jugeaient les fronts grec et crétois comme de moindre importance par rapport à la sauvegarde de Malte et de l'Egypte.
Pourtant la victoire nazie fut une victoire à la Pyrrhus. Sa première grande opération aéroportée décima ses parachutistes : 4 000 morts et 2 600 blessés d’après les comptes allemands, pertes de 8 500 hommes d’après les alliés, sans compter les 350 avions détruits. Bref, à un mois de l’invasion de l’URSS, Hitler avait sacrifié la fine fleur de son armée pour n’occuper que la Crète.
Certains stratèges jugent qu’une telle force aurait pu venir à bout de Malte ou de Chypre, voire d’une Perse peu défendue à l’époque.
Les paras égorgés dans les oliveraies de Malème, dans les rues de Kastelli et d’Héraklion ne sauteront jamais sur la Valette. Et le rocher maltais sera toujours une épine dans le pied de l’intendance de Rommel et de son Afrika Korps. D’autant qu’à la bataille d’El Alamein, le Maréchal allemand aura la désagréable surprise d’affronter en première ligne l’armée grecque d’Egypte qui avait plus d’un compte à régler. Quant aux Britanniques, les pertes furent toutes aussi lourdes : 15 000 morts, blessés, disparus, dont 2 000 marins avec leurs trois croiseurs et six destroyers. Les défenseurs grecs perdirent près de 6 000 hommes.
Les Nazis ne purent d’ailleurs qu’occuper les grands centres urbains dans lesquels ils se maintinrent jusqu’en avril-mai 1945. Pendant ces quatre années, les montagnes de l’île restèrent le domaine des Crétois insurgés dont la tradition consiste à massacrer systématiquement ses envahisseurs.
Pour punir ces fiers paysans, les Nazis massacrèrent dès le 25 mai tous les habitants du village de Kandanos, un des premiers villages martyrs de l’Hellade. D’autres allaient suivre tant sur le continent que dans l’île.
Mais là, les Crétois appliquèrent la terrible loi du talion, n’hésitant pas à peindre sur les murs : “Avis à la Kommandantur : pour chaque Crétois fusillé, une tête d’Allemand vous sera envoyée dans un sac”. Et on fusilla. Et on décapita. Le jour où la Crète capitula, le 31 mai, les dépôts de munitions de la Werhmacht partaient en fumée à Salonique. Ainsi du Nord au Sud du pays, la résistance ne prit pas le temps d’attendre un seul jour, soldat la veille, Andartès le lendemain.C. CHICLET (un ami de la Grèce)
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